Obiter : sur la route des vacances
Les juristes britanniques recourent à l’expression latine obiter dictum pour désigner une opinion énoncée par un juge dans les attendus d’un jugement et portant sur un point de droit accessoire, subalterne, secondaire, extérieur — et parfois lointain — par rapport à la question juridique évoquée, mais qui, dans un système où la jurisprudence (‘precedents’) joue un rôle essentiel, est susceptible d’un grand poids (en fonction de la place occupée par son auteur dans la hiérarchie judiciaire et du prestige qui entoure sa personne) dans les débats d’une autre affaire, d’une autre juridiction. D’où, par exemple, L’Obiter électronique, journal des étudiantes et étudiants des 2e et 3e cycles en droit de l’Université Laval, au Québec. [Divers ouvrages portent le titre d’Obiter scripta. J’ai même trouvé un Obiter lecta et un évêque a inventé la locution obiter factum.]
C’est l’adverbe obiter qui me fascine : « en (cours de) route, chemin faisant, au passage, en passant, incidemment » (cf. l’anglais ‘by the way’, le néerlandais ‘onderweg’, etc.) ; préposition ob + substantif neutre iter, génitif itineris « route ».
A quoi cette fascination tient-elle ? Au fait que, dans toute recherche, l’aubaine (‘serendipity’), la trouvaille, le coup de chance, non seulement vous prennent au dépourvu (bien sûr !) mais surtout à l’endroit où vous ne l’escomptiez pas, hors des sentiers battus, souvent très à l’écart de l’axe de votre recherche, lors de vérifications à la marge, sur des points mineurs, par acquis de conscience ou par curiosité.
Et là, obiter, une trouée dans la haie, un détail vous ouvre des perspectives, vous aide à comprendre : c’est une bouffée d’air frais, un enrichissement, une jubilation.
Libellés : obiter, obiter dicta, obiter dictum
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