26 mars 2007

Wikipédia :
plus il y a de gruyère,
plus il y a de trous… (II)



Sur quelques mauvaises manieres de parler

Colin s’en allit au Lendit,
Où n’achetit ni ne vendit,
Mais seulement, à ce qu’on dict,
Derobit une jument noire.
La raison qu’on ne le penda
Fut que soudain il responda
Que jamais aultre il n’entenda
Sinon que de la mener boire.


(Attribué à Clément Marot.)




Extrait de la page de fr.wikipedia.org consacrée à Publius Clodius Thrasea Pætus :


Publius Clodius Thrasea Paetus, sénateur romain et philosophe stoïcien, vécut pendant le règne de Néron. Il était le mari de Arria, la fille de Arria, beau-frère de Helvidius Priscus et ami ?? du poète Perse.

Sa vie
Il est né à Padoue et appartenait à une famille de notables aisés. Les circonstances par lesquelles il vint s’établir à Rome sont inconnues. Au début, il fut traité avec de grands égards par Néron probablement dû à l’influence de Sénèque le Jeune.

Il devint consul en l’an 56 et un des gardiens des livres Sybillins.

En l’an 57, il soutint la cause de l’envoyé de Cilicie qui vint à Rome pour accuser d’extorsion leur dernier gouverneur Cossutianus Capito.

En l’an 59, Thrasea fut le premier à montrer ouvertement son dégoût à propos du comportement de Néron et la platitude du sénat : il se retira sans voter juste avant la lecture de la lettre de l’empereur qui justifiait le meurtre d’Agrippine la Jeune.

En l’an 62, il empêcha l’execution du préteur Antistius qui avait calomnié par écrit l’empereur et persuada le sénat d’appliquer une sentence plus douce. Néron montra son mécontentement en refusant de recevoir Thrasea lorsque le sénat l’envoya en personne pour offrir les félicitations pour la naissance d’une princesse.

Depuis l’an 63 jusqu’à sa mort en 66, Thrasea se retira de la vie publique et ne remit plus les pieds au sénat.


Sa fin
Mais sa mort avait été décidée en haut lieu. La simplicité de sa vie et son adhésion aux principes du stoïcisme étaient vus comme un reproche envers la frivolité et la débauche de Néron. Celui-ci « aspira à la fin à la mort de la Vertu en persécutant Thrasea et Soranus » (Tacite). Cossutianus Capito – le beau-fils de Tigellin qui n’avait jamais pardonné à Thrasea d’avoir soutenu sa condamnation – et Eprius Marcellus dirigèrent les poursuites. Diverses charges furent élevées contre lui. Le sénat, intimidé par la présence de nombreuses troupes, n’a eu d’autre alternative que de le condamner à mort. Lorsque la nouvelle fut rapportée dans la maison de Thrasea – qui se diver-tissait avec des amis – il se retira dans sa chambre et s’ouvra les veines de ses deux bras.

Le récit de Tacite s’interrompt au moment où Thrasea allait s’adresser à Demetrius – le philosophe du cynisme – avec lequel il avait eu, avant ce jour fatal, une discussion sur la nature de l’âme. Thrasea fut le sujet d’un panégyrique écrit par Arelenus Rusticus, un des tribuns qui avait offert de mettre un veto sur le décret du sénat. Mais Thrasea refusa de le laisser mettre sa vie en péril inutilement.

Le modèle de vie et de conduite pour Thrasea était celui de Caton d’Utique pour lequel il avait rédigé un panégyrique. Dans sa biographie sur Caton, c’était l’un des maîtres de Plutarque.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Publius_Clodius_Thrasea_Paetus

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« Sous le règne de N. »

« mari d’Arria (elle-même fille d’Arria*) » [*cette dernière était l’épouse d’Aulus Cæcina Pætus et c’est à lui que s’adressait le célèbre Pæte, non dolet ; je me permets de renvoyer à mon billet intitulé « Paete, prends ton luth… », daté du 27 novembre 2006]

« beau-père [father-in-law] d’H.P. »

« ami et parent du poète Perse » : le terme anglais, inconnu du prétendu traducteur (il l’aurait trouvé dans n’importe quel dictionnaire d’usage courant — mais encore eût-il fallu qu’il en consultât un), lequel a préféré se retrancher derrière un discret et subtil double point d’interrogation, est kinsman (cf. kindred, kith and kin « parentèle »). Idem decem fere annis summe dilectus a Pæto Thrasea est ita ut peregrinaretur quoque cum eo ali-quando, cognatam eius Arriam uxorem habente. Suétone, Vie de Perse ; « Perse est lui-même le cousin d’Arria, femme du sénateur stoïcien Thraséa, qui dut s’ouvrir les veines sur l’ordre de Néron. » Elizabeth Bine, Encyclopædia Universalis11

« On ignore dans quelles circonstances… »

« grâce à l’influence de Sénèque [le Philosophe] »

« Livres sibyllins » [τὰ Σιϐύλλεια, chez Plutarque ; de σίϐυλλα]

« il soutint la cause des émissaires de Cilicie, venus à Rome pour accuser de concussion leur récent gouverneur »

« commença à afficher son indignation devant le comportement de N. et la servilité du sénat en se retirant sans participer au scrutin après la lecture devant l’assemblée du message de l’empereur justifiant l’assassinat d’Agrippine. »

« il empêcha l’exécution du préteur Antistius Sosianus, qui avait médit de l’empereur dans ses écrits, et convainquit le sénat de prononcer une condamnation plus clémente. N. manifesta son mécontentement en lui interdisant l’accès de son palais quand le sénat, en corps constitué, vint présenter ses félicitations à l’occasion de la naissance d’une princesse. »

« … étaient perçus comme autant de reproches adressés à l’empereur pour sa frivolité et sa vie de débauche, et Néron n’eut enfin plus de cesse qu’il n’ait fait périr la Vertu elle-même, incarnée en Thrasea et Soranus (Tacite, Annales, XVI, XXI). »

« Cossutianus Capito, gendre [« beau-fils »: stepson] de Tigellinus qui n’avait jamais pardonné à Thrasea d’avoir réussi à le faire condamner, et E. M. menèrent l’accusation. »

« Divers chefs d’inculpation furent retenus contre lui »

« le sénat … ne put faire autrement que de le condamner à mort. »

« Quand on vint annoncer la nouvelle à Thrasea chez lui, où il recevait des amis »

« il se fit trancher les veines des bras »

« …Démétrius le Cynique [1er s. ap. J.-C., vécut sous les règnes de Caligula, Néron et Vespa-sien], avec qui, un peu plus tôt dans la journée qui allait être celle de sa mort, il s’était entretenu sur la nature de l’âme. »

« un panégyrique, œuvre d’Arulenus Rusticus, un des tribuns, qui avait proposé d’user de son droit de véto [ius intercessionis, en sa qualité de tribun] pour s’opposer à la décision du sénat, mais T. refusa de le laisser sacrifier sa vie en pure perte. »

« Dans sa vie et son comportement, T. prenait modèle sur Caton d’Utique (dont il avait écrit un panégyrique), qui constitua l’une des principales sources de Plutarque quand il rédigea sa biographie de Caton. »








Pour donner ne serait-ce qu’une idée du personnage que fut Démétrius le Cynique (dont parlent Tacite et Suétone, et qui fut l’ami de Sénèque), voici une anecdote rapportée par un connaisseur.


Lucien de Samosate (Λουκιανὸς Σαμοσατεύς)
LVIII, 19
Πρὸς τὸν ἀπαίδευτον καὶ πολλὰ βιϐλία ὠνούμενον.
Contre un ignorant bibliomane

Δημήτριος δὲ ὁ Κυνικὸς ἰδὼν ἐν Κορίνθῳ ἀπαίδευτόν τινα βιϐλίον κάλλιστον ἀναγιγ-νώσκοντα —τὰς Βάκχας οἶμαι τοῦ Εὐριπίδου, κατὰ τὸν ἄγγελον δὲ ἦν τὸν διηγούμενον τὰ τοῦ Πενθέως πάθη καὶ τὸ τῆς Ἀγαύης ἔργον—ἁρπάσας διέσπασεν αὐτὸ εἰπών, « Ἄμεινόν ἐστι τῷ Πενθεῖ ἅπαξ σπαραχθῆναι ὑπ’ ἐμοῦ ἢ ὑπὸ σοῦ πολλάκις. »

Démétrius le Cynique voyait un jour à Corinthe un ignorant qui lisait [à haute voix] un livre splendidement orné ; c’étaient, je crois, les Bacchantes d’Euripide. Le lecteur en était à la scène où le messager vient annoncer la mort de Penthée et la fureur d’Agavé. Alors Démétrius, lui arrachant le livre et le mettant en pièces : « Mieux vaut, dit-il, pour Penthée d’être une bonne fois déchiré par mes mains que mille par ta bouche ! »

(d’après Eugène Talbot, 1912)




L’adjectif ἀπαίδευτος « sans instruction, ignorant, grossier, sans éducation » (cf. Platon, Lois, II, 654a « Ἀχόρευτος ἀπαίδευτος », celui qui ne sait pas tenir sa place dans un chœur [pour y danser et y chanter] n’a pas vraiment reçu d’instruction [ou : d’éducation]) a fait son entrée en français dans L’Isle Sonante, XVI (« Comment Pantagruel arriva en l’isle des Apedeftes à longs doigts et mains crochues, et des terribles aventures et monstres qu’il y trouva », Mireille Huchon, p. 869 [on remarquera que la graphie note la prononciation du grec moderne ; l’attribution du texte à Rabelais a peu de partisans]); cf. « L’île des Apedeftes où nous débarquons ensuite est l’île de la Cour des comptes. Les Apedeftes sont uniquement occupés à mettre en presse des maisons, des prés, des champs, pour en faire suer de l’argent, dont une partie seulement revient au roi. Le reste a disparu.» Anatole France, 1928). On le retrouve chez Ménage et Tallemant des Réaux (éd. Antoine Adam, I, p. 552). Voltaire, après l’avoir remodelé en apédeute, qualifie ainsi les autorités de la Faculté de théologie de Paris pour avoir censuré le Bélisaire de Marmontel : le passage de l’Ingénu (XI) est célèbre à juste titre (« La vérité luit de sa propre lumière,
et on n’éclaire pas les esprits avec les flammes des bûchers
»).
En cherchant bien, on trouve encore un article de Laurent Tailhade (sous le pseudonyme de Dom Juniperien) : « Simple Guide-Ane à l’usage des Apédeutes qui désirent examiner avec fruit l’Exposition des Portraits du prochain Siècle » (Mercure de France, no 47, novembre 1893).

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