Tristram Shandy : cum grano salis
Tome I, volume II, chapitre IV :
“Writers of my stamp have one principle in common with painters. Where an exact copying makes our pictures less striking, we choose the less evil; deeming it even more pardonable to trespass against truth, than beauty. This is to be understood cum grano salis; but be it as it will,—as the parallel is made more for the sake of letting the apostrophe cool, than any thing else,—’tis not very material whether upon any other score the reader approves of it or not.”
Léon De Wailly (1882), p. 102 et Charles Mauron, p. 98 + note 93 p. 605 laissent l’expression latine telle quelle, Mauron ajoutant en note la traduction littérale. Guy Jouvet (p. 121 + note p. 919) cite le syntagme de l’original, introduit son équi-valent par « je veux dire » et explique en note.
Les exemples à date ancienne chez les auteurs de langue française sont rares :
« La forme de souvenirs m’a paru commode pour exprimer certaines nuances de pensée que mes autres écrits ne rendaient pas. Je ne me suis nullement proposé de fournir des renseignements par avance à ceux qui feront sur moi des notices ou des articles. Ce qui est une qualité dans l’histoire eût été ici un défaut ; tout est vrai dans ce petit volume, mais non de ce genre de vérité qui est requis pour une bio-graphie universelle. Bien des choses ont été mises afin qu’on sourie ; si l’usage l’eût permis, j’aurais dû écrire plus d’une fois à la marge : cum grano salis. »
Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse (publiés en 1876-1882), Préface
Le Larousse du XXe Siècle précise : « Locution latine dans laquelle sel a le sens figuré de enjouement, de badinage, et que l’on emploie pour faire entendre que ce qu’on dit ne doit pas être pris au sérieux. »
Kœssler & Derocquigny (dont la 1re édition remonte à 1928) :
Grain of salt (with a —) : The statement is to be accepted with a grain of salt, ou, en lat. « moderne », cum grano salis, cette allégation ne doit être accep-tée, accueillie qu’avec réserve, sous bénéfice d’inventaire, non sans en rabattre, non sans faire la part de l’exagération paradoxale, il faut en prendre et en laisser.
L’explication — assez répandue — par un passage de l’Histoire naturelle de Pline (In sanctuariis Mithridatis, maximi regis, deuicit Cn. Pompeius inuenit in pecu-liari commentario ipsius manu conpositionem antidoti e II nucibus siccis, item ficis totidem et rutæ foliis XX simul tritis, addito salis grano: ei, qui hoc ieiunus sumat, nullum uenenum nociturum illo die. Contra rabiosi quoque canis morsum a ieiuno homine commanducati inlitique præsenti remedio esse dicuntur) n’est pas à prendre au sérieux.
Libellés : Charles Mauron, Guy Jouvet, Léon de Wailly, Tristram Shandy
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